- TANGUT
- TANGUTTANGUAncien peuple d’origine tibétaine, également dénommé Mi-ñag, les Tangut fondent, vers la fin du Xe siècle, dans le nord-ouest de la Chine (actuelles provinces du Sh face="EU Caron" オnxi et du Gansu, et régions de l’Ordos et du Qinghai ou Kökö-n 拏r), sous la direction de la dynastie Toba (nom chinois: Li), un empire connu sous son nom chinois de Xi-Xia («Xia occidental», 982-1227) et dont la capitale est Irgai (actuelle Ningxia). Ayant amalgamé les diverses ethnies sur lesquelles il s’étendait — Chinois, Ouïghour, Tibétains, Turco-Mongols — l’État Xi-Xia fut en guerre quasi-permanente avec ses puissants voisins, Ouïghour, Tibétains, Kitan et Chinois, qui se refusaient à reconnaître son existence et lui disputaient son territoire: on peut compter entre autres sept guerres contre les Song, en 982-1004, 1040-1044, 1070-1072, 1081-1086, 1096-1099, 1102-1107, 1114-1119. Bien que son développement économique ait été entravé par les invasions répétées et les pertes militaires fréquentes, que ne pouvaient compenser le butin et le tribut des vaincus, il réussit cependant à sauvegarder son indépendance jusqu’à son absorption par l’empire gengiskhanide (Gengis kh n est mort aux portes d’Irgai), et il tira de la civilisation de ses ennemis, de la Chine surtout, les éléments d’une culture riche et originale. Il ne reste que quelques ruines de ses belles cités (soixante-dix sites dans le seul Ordos, dont celui de Boro-balgasun sur lequel les missionnaires belges de Scheut ont édifié, au XIXe siècle, la seule mission catholique existant à l’époque moderne en pays mongol).Par contre, on a pu recueillir en assez grand nombre des spécimens de l’abondante littérature publiée à Irgai (en xylographes surtout): ainsi, cent vingt-deux documents tangut sont conservés à la bibliothèque de l’Institut oriental de Leningrad, découverts en 1907-1909 par la mission de P. K. Kozlov (1863-1935), dans les ruines d’un st pa de la ville morte de Qara-qoto (ou Khara-khoto), au milieu du désert de Gobi. Si le chinois était utilisé comme langue diplomatique, le tangut était seul en usage à l’intérieur du pays, langue difficile relevant du groupe tibéto-birman, qui n’a disparu que vers le milieu du XIVe siècle, en même temps que s’évanouissait l’identité ethnique des Tangut. On sait que l’empire Xi-Xia a abrité des courants nouveaux d’iconographie bouddhique, de littérature laïque et religieuse, de musique. Et, surtout, il a créé en 1036, sur le modèle des Kitan et comme allaient le faire peu après les Jür face="EU Caron" カen, une écriture propre, démarquée des caractères chinois, mais phonétique par syllabe. Alors que l’écriture kitan est aussi simple que possible, celle du tangut est compliquée comme à plaisir (de six à vingt traits par signe d’écriture). Son pénible déchiffrement, maintenant pratiquement achevé, a occupé plusieurs générations de savants de toutes nationalités, depuis qu’un missionnaire protestant, Alexandre Wylie (1815-1887), en signala l’intérêt au milieu du XIXe siècle. Parmi les pionniers en ce domaine, il faut citer des Chinois, comme les frères Lo, des Russes, comme N. A. Nevski (1892-1938); et, parmi les contemporains, l’Anglais E. Grinstead, le Japonais Nishida T., et tout un groupe d’orientalistes soviétiques, au nombre desquels E. I. Kytchanov qui est, jusqu’à présent, l’unique spécialiste européen de l’histoire Xi-Xia.
Encyclopédie Universelle. 2012.